Espoir 18 Police/Population

Rencontres Police/Population

Contexte et problématique
Genèse du projet et éléments de diagnostic

Un des éléments déclencheurs : l’arrestation d’un directeur et d’un animateur lors d’un contrôle « musclé » d’usagers.
De notre expérience acquise après plus de 7 ans d’actions sur cette thématique, il en ressort les constats suivants :

Pour les usagers d’Espoir 18 (jeunes et familles) :

Un sentiment d’insécurité et de discrimination.
Une animosité et une perception négative envers l’institution police (violence, contrôle au faciès…).
Une méconnaissance et un manque de confiance dans la police et les institutions.
Une « langue de bois » dans les rencontres.

Pour les forces de l’ordre :

  • Le sentiment d’isolement (« Une forteresse assiégée » D. Monjardet).
  • Un déficit dans la formation des policiers.
  • De trop rares opportunités de dialogue.
  • Une banalisation de la violence envers la police.
  • Sous représentation des personnes d’origine immigrée et des jeunes des milieux urbains
  • La police de proximité : un sentiment d’affichage.

Pour les équipes d’Espoir 18 (salariés, bénévoles) :

  • Un réel besoin pour nos usagers.
  • Une légitimité à aborder ce problème : réseau, expérience.
  • Notre capacité à traiter des sujets clivant : radicalisation, antisémitisme, homophobie…et à toucher un public relevant de la prévention secondaire et tertiaire.

Pour les acteurs associatifs et institutionnels :

  • Peu d’acteurs associatifs sur ce sujet ou sur des publics plus jeunes et captifs.
  • Le souhait de redonner à la police une mission première de service aux citoyens : PSQ, QRR, Axe 3 stratégie de prévention…
  • Une nouvelle politique de formation des gardiens de la paix.

BESOINS TOUJOURS INSATISFAITS, A TRAITER EN URGENCE.

Objectifs de l'action

Dans une démarche de coconstruction, mener des projets valorisant chaque partie prenante afin de créer du lien social et contribuer au vivre ensemble.

- Comprendre les attentes de la population et répondre à une demande sociale de sécurité.
- Former et sensibiliser les principaux acteurs au dialogue.
- Mettre en place des outils spécifiques afin de faire évoluer les perceptions mutuelles entre les jeunes, les familles et les forces de l’ordre et de modifier leurs comportements respectifs.
- Favoriser la représentativité des jeunes des milieux urbains.
- Mener une politique d’évaluation rigoureuse des résultats et de l’impact social de notre action.

Bénéficiaires / public(s) cible(s)

Quels sont les publics, les lieux ciblés par l’action ?

Des jeunes et familles des zones de sécurité et quartiers prioritaires du 18 et 19ème arrondissement. 200 jeunes relevant de la prévention secondaire et tertiaire âgés de 15 à 25 ans. 25 jeunes ambassadeurs ayant participés aux actions les années précédentes. 1500 jeunes et familles sensibilisées par l’ensemble des actions. Une centaine de jeunes mobilisés par nos partenaires de terrain : associations, clubs de prévention.

Description de l’action / activités et stratégie

Elaboration, la mise en œuvre de l’action étape par étape

Phase de sensibilisation :
- Formation des équipes salariées et bénévoles.
- Des démarches participatives permettant un recueil de la parole.
- Approche pédagogique d’Espoir 18 : « Aller-vers », éducation par les pairs, intervention sur l’espace public, sur des horaires nocturnes…

Phase de préparation :
- Rencontre des parties prenantes pour un travail de coconstruction : la préfecture de Police, commissaires, agents de la DPSP, policiers membres d’associations (ACPJ)…
- Réalisation d’un diagnostic partagé.
- Expérimentation d’approches managériales à destination des équipes d’Espoir 18 : design thinking…

Phase de réalisation :
- Des repas, des buffets entre jeunes, familles, forces de l’ordre, agents de la DPSP, associatifs, élus…
- Des temps de présentation des forces vives des quartiers à chaque arrivée de nouveaux gardiens de la paix dans les commissariats du 18 et 19ᵉ arrondissement.

- Des visites des différentes brigades, compagnies de la police :
◆ BAPSA, Brigade cynophile, motocycliste, rollers…
- Une journée « Femmes Exceptionnelles » mettant en valeur les femmes de la police et des quartiers prioritaires.
- Soirées « Droits et devoirs », théâtre forum-débat avec des membres de la police et de la justice.
- Des ateliers dessins, de graphisme, d’éducation à l’image, des sorties culturelles : représentation « Douze hommes en colère », films « Queen and Slim », « Les misérables »…
- Réalisation d’interviews-vidéos de policiers, jeunes, élus, représentants du parquet... Dialogue Jeunes / Police
- Présentation d’un défi (avec un élu et un policier) à l’université de l’innovation publique du CNFPT suivi d’un documentaire. DEFI POLICE-POPULATION : message in a bottle
- Création d’un comité qui comprend des policiers, des acteurs institutionnels, des habitants pour mener une réflexion sur les actions locales et nationales.
- Accompagnement de nos partenaires associatifs dans la mise en place d’actions police-population soutenu par la fondation Open Society Fundation.
- Participation à un recueil des meilleures pratiques police-population au niveau international avec le Centre International de la Prévention de la Criminalité.
- Préparation d’un séminaire pour la présentation de ce recueil.
- Adaptation de nos actions après les temps d’évaluation.

Phase de restitution :
Exposition photo et vidéo retraçant l’ensemble des actions et parcours

Partenariats

Au sein de la police nationale :
- Les commissaires divisionnaires du 18ème et 19ème arrondissement.
- Les équipes de la MPC.
- Les correspondants de formation de la CSP.
- Le cabinet de la Préfecture de Police et de l’ANCT : réflexion et soutien financier.
- Des responsables de compagnies.
- Des commissaires de l’IGPN : participation aux actions.

Nous mobilisons également appel à notre réseau de policiers et de la justice (responsable de la formation de la police, substitut du procureur…). Ils sont pleinement acteurs du projet : co-construction, évaluation, forces de proposition.

Les partenaires institutionnels :
- La Ville de Paris : soutien financier et logistique.
- Le FFSU : partage de réflexion, études, élaboration communs de projets, participation à nos actions, mobilisation de réseau…
- Le CIPC: réalisation d’un recueil des meilleures pratiques police population et organisation commune d’un séminaire.

Les partenaires associatifs :
- Les Espaces Paris Jeunes.
- Les clubs de prévention.
- L’association ACPJ.
- L’association « Femmes de l’intérieur ».
- Zonzon 93.
- Le collectif Policités.
- Médiation Nomades.

Tous ces acteurs participent à ce projet soit dans les actions, dans la réflexion, dans la mobilisation de leurs usagers…

Des partenaires privés :
- La fondation Open Society Fundation : soutien financier, partage de réseau, de documentations.
- Le fond de dotation « Chœur à l’ouvrage » : soutien financier et catalyseur de rencontres intergénérationnelles.

Des intervenants extérieurs :
- Membres du comité : prise de recul, vision holistique.
- Un consultant Mathieu Zagrosky : aide à la réflexion, travaux de diagnostic et de bilans prévus, participation à des actions.
- Un cabinet spécialisé dans la mesure d’impact social : SOAPP.

Evaluation et résultats

L’évaluation débute dès l’élaboration des objectifs et est réfléchie avec l’ensemble des acteurs. Nous définissons les critères et étapes de l’évaluation. Nous affinons avec l’ensemble des acteurs le diagnostic de départ. Nous mettons en place différents types d’évaluations avec des supports multiples :

Evaluation quantitative :
- Nombre de personnes sensibilisées au projet (jeunes et familles)
- Nombre de personnes suivies en individuel et collectivement dans chaque projet (jeunes et familles).
- Nombre de policiers mobilisés.
- Nombre d’actions réalisées et fréquence des interventions.

Nous utilisons des fiches de synthèse, des tableaux de suivi, organisons des temps d’échanges réguliers.

Evaluation qualitative :
- Réalisation d’une cartographie des parties prenantes et d’une analyse d’opportunité.
- Formation des équipes à la mesure d’impact social, à différencier les notions de réalisations, résultats, impacts, à comprendre les termes pertinence, efficacité, cohérence, efficience, durabilité, SRIO (retour sur investissement)…
- Organisation de points d’étapes réguliers avec les commissaires d’arrondissement, élus, fondations…
- Elaboration d’entretiens individuels, de questionnaires en direction des jeunes, des familles et des forces de l’ordre.
- Interventions de consultants extérieurs.

Nous utilisons des référentiels et aussi beaucoup l’observation et les temps informels avec nos usagers.

Rencontres Police / Population

Résultats de l’action

Réalisations :

- 20 journées de formation des équipes.
- 350 policiers, agents de la DPSP mobilisés sur nos différentes actions.
- 200 jeunes de prévention secondaire et tertiaire investis.
- 1500 personnes sensibilisés à cette thématique.

Résultats :

Jeunes :
- Evolution positive des comportements, certains demeurent dans une posture négative envers les institutions et la police.
- Acquisition de connaissances sur la police, son fonctionnement, les institutions…
- Diminution de la violence verbale et physique envers les forces de l’ordre.
- Ambassadeurs pour d’autres jeunes.
- Evolution de la perception de la situation des policiers :
◆ Pas des nantis, très souvent en colocation, déracinement de leur lieu d’origine.
◆ Horaires décalés
◆ Missions difficiles.
◆ Un métier aux milles métiers.
- Ouverture des jeunes à des dispositifs : cadets de la République.

Equipes :
- Appropriation du projet et de sa pédagogie.
- Un ancien salarié d’Espoir 18 aujourd’hui policier et membre de notre CA.
- Enrichissement boite à outils.

Police, agents de la DPSP…
- Evolution des perceptions, des pratiques et meilleure compréhension des acteurs.
- Force de propositions.
- Mise en place d’un dialogue immédiat si souci pour un jeune ou sur une intervention policière, partage des téléphones portables avec les commissaires.

Acteurs associatifs :
- Mobilisation de leurs usagers pour les actions, évènements…

Impacts majeurs :
- Inscription de cette problématique dans notre politique jeunesse. - Formateur pour des acteurs associatifs et institutionnels. - Une évolution des pratiques respectives. - Sélectionné par une fondation international pour accompagner des partenaires associatifs et favoriser la présence de jeunes de milieux urbains au sein de la police.

Rencontres Police / Population
Interview vidéos
Atelier vidéo pour Police/Population

Conditions de réussite de l'action

Méthodologie :
- Par phases.
- Inclure toutes les parties prenantes dès le début du projet.
- Disposer d’un réseau d’acteurs au sein de la police mais aussi au sein des acteurs associatifs et institutionnels de longue date.
- Création d’une boite à outils.

Pédagogie :
- Disposer d’un fort lien de confiance avec les usagers.
- Valorisation des parties prenantes.
- Recherche de l’innovation, évaluation continue, adaptation des actions.
- Diversifications des actions et traiter de tous les sujets : les métiers de la police, mais aussi les violences policières, les contrôles au faciès…
- Appropriation de cette problématique par les équipes.

Des financements pluri-annuels.

Visite à l'IGPN

Obstacles et faiblesses rencontrés dans l’élaboration et la conduite du projet

- Encore des jeunes très vindicatifs envers la police et des salariés encore dubitatifs sur l’utilité de cette action.
- Des acteurs associatifs réticents à aborder cette problématique.
- Changements réguliers des personnels au sein de la police.
- Même si partenaire actif sur les projets, une difficulté à vraiment partager la stratégie d’action.
- Le droit de réserve dans les débats.
- Difficile reconnaissance du travailleur social.
- Pas réussi à mettre en place la partie retour sur investissement, monétarisation de l’impact social.
- L’actualité chargée de la police : terrorisme, gilets jaune, immigration…moins de temps pour la PSQ.
- Une fragilité des financements.

Apports du projet par rapport aux dispositifs existants

L’analyse d’opportunités par rapport aux autres acteurs du territoire a permis de démontrer que nous sommes l’une des rares structures à mobiliser des jeunes relevant de la prévention secondaire et tertiaire sur cette problématique. Notre action de longue date sur ces quartiers, notre capacité à traiter en profondeur des sujets délicats, sociétaux et qui demeurent pour nous essentiels à aborder pour ces jeunes et familles.
Notre approche disruptive, la transversalité des actions proposées, des acteurs de terrain ayant eu des difficultés avec la police aujourd’hui ambassadeurs de ce projet.
Par le lien de confiance avec nos usagers, nous offrons un riche et vaste terrain d’actions à nos partenaires. Ce sont surtout pour Espoir 18 des apports mutuels car nous nous enrichissons auprès des autres acteurs associatifs, institutionnels, chercheurs et nous tenons à souligner le dynamisme d’un partenaire privilégié d’Espoir 18, l’association ACPJ.

Et après ?

Perspectives de poursuite ou de développement du projet :

- Pérennisation des actions locales.
- Aborder encore davantage les thématiques des violences policières, envers la police…
- Poursuivre nos expérimentations : création d’un MOOC sur les relations police-population.
- Mobiliser les fonds privés et dégager des fonds spécifiques pour la mesure d’impact social.
- Diversifier les acteurs : associations de policiers, membres de la justice.
- Maximiser l’impact social par de l’essaimage.
o Poursuivre la modélisation de notre action sur les ZSP.
o Changement d’échelle courte distance.
o Changement d’échelle régional puis national.
S’appuyer sur acteurs reconnus : exemple Aubervilliers qui a mené des actions dans le cadre du projet IMPPULSE.
- Impulser des évolutions dans les politiques publiques de sécurité afin que la demande sociale de sécurité soit au cœur de la doctrine policière :
o Participer à la refonte de la formation des gardiens de la paix.
o Intégrer cette thématique dans les formations d’éducation populaire.

Le projet est-il transposable ailleurs ?

- Identifier et modéliser les facteurs clés de succès : lien de confiance, pédagogie et méthodologie éprouvée…
- ZSP et/ou QPV pour le public et la mobilisation des moyens.
- Structure adaptée aux usages des jeunes : ouverture en soirée, sur la période estivale.
- Une volonté politique partagée.
- Choix validé entre jeunes, équipes, administrateurs.
- Disposer d’une légitimité à mener ce type
d’actions.
- Capacité à lever les bonnes ressources pour grandir.
- Mettre en place un essaimage centralisé afin de garantir l’ADN du projet tout en réfléchissant à des formes d’autonomie locale.
- Organiser un suivi continu de la performance sociale.

Cette action a été inspirée par une autre action ou a-t-elle déjà été partagée avec d’autres

Nous nous sommes inspirés des études, d’actions réalisées par :
- Le FFSU et notamment le projet IMPPULSE
- Le CESDIP et l’INHESJ : « Police et population : du conflit à la confiance »
- Open Society Fundation : « L’égalité trahie, l’impact des contrôles au faciès ».
- La lecture de livres, de documentaires « Police sur le fil »…
- Des rencontres internationales : polices américaines, canadiennes…
- Des échanges avec des acteurs de terrain.
- Des rencontres avec des acteurs militants envers la police : Omar Capilotin, Assa Traore…
- La participation à des programmes en banlieue (Ville de Stains).
- La participation à des formations, conférence soit comme formateur ou apprenant avec le FFSU, avec la direction de la formation de la police, le CNFPT…